13

Les compagnons du feu

Peggy Sue dormait depuis deux heures quand une petite voix se mit à grésiller à son oreille. D’abord, l’adolescente ne comprit pas ce que lui chuchotait son interlocuteur, puis elle rêva qu’une bête minuscule lui racontait une interminable histoire dont elle ne parvenait à saisir qu’un mot sur trois.

— Sortir… disait la voix minuscule. Par la fenêtre… dehors… Maison de fumée… Ils t’attendent… rendez-vous…

La jeune fille s’agita sur son lit, essayant d’échapper au murmure qui lui grignotait la tête. Ce n’était pas facile. Exaspérée, elle s’éveilla. Elle aperçut quelque chose sur l’oreiller, tout près de sa joue. Elle s’assit d’un bond, alluma la lampe de chevet. C’était un téléphone portable vivant… L’un de ces appareils bavards qu’elle avait vus au zoo. Il se tortillait comme une grosse chenille sympathique.

« Comment a-t-il fait pour me suivre jusqu’ici ? se demanda Peggy. Quelle bizarre petite chose ! »

Du bout des doigts, elle effleura le téléphone. Il frissonna et se mit à ramper à la façon des limaces. Il parlait toujours, d’une voix nasillarde, à peine perceptible, mais qui s’insinuait dans la tête de Peggy tel un tire-bouchon dans une motte de beurre.

« Il me semble que je l’entendrais même si je me bouchais les oreilles, se dit-elle. C’est comme si un spaghetti hérissé de piquants me rampait dans la cervelle ! »

Elle se leva. Le téléphone s’était introduit dans la chambre par l’entrebâillement de la fenêtre. Dans quel but ?

Elle fut tentée de réveiller le chien bleu qui dormait sur le tapis mais ne put s’y résoudre.

Non, non… il ne fallait surtout pas le mettre au courant. Il ne devait rien savoir de ce qui allait se passer. Ni lui, ni Granny Katy… Cela devait rester un secret. Un secret entre elle et…

Et qui, au juste ?

Sans vraiment comprendre la raison de son geste, elle saisit le portable et l’appliqua contre sa tempe.

— Oui ? chuchota-t-elle.

— Ouvre la fenêtre et descend dans la rue par le tuyau d’évacuation de la gouttière, fit la voix nasillarde.

— D’accord, répondit l’adolescente.

Elle s’étonna d’obéir aussi facilement à cet interlocuteur inconnu, mais elle se sentait incapable de résister. Après avoir glissé le téléphone dans la poche de son pyjama, elle enjamba le rebord de la fenêtre et s’accrocha à la canalisation serpentant le long de la façade. Comme elle était assez forte en gymnastique, ce ne fut pas difficile. Trois minutes plus tard, ses pieds nus touchaient le trottoir. Il faisait chaud dehors car les incendies qui brûlaient nuit et jour installaient une température caniculaire dans toute la ville.

— Et maintenant ? s’enquit-elle en reprenant le portable.

— Marche droit devant toi, grésilla l’appareil. Je te guiderai.

Peggy s’exécuta. Elle n’en revenait pas de se montrer aussi docile et de n’éprouver aucune inquiétude. Les choses se passaient comme si elle ne contrôlait plus ses membres. C’était vraiment curieux ! Elle ne se reconnaissait plus.

« Serais-je hypnotisée ? se demanda-t-elle. Cet affreux petit téléphone aurait-il le pouvoir de m’imposer sa volonté ? »

Le portable s’était mis à transpirer dans sa paume et c’était si dégoûtant qu’elle aurait bien aimé le jeter dans une poubelle, hélas elle en était incapable.

« Quel répugnant petit démon ! songea-t-elle. Est-ce que d’autres gens ont subi le même sort ? »

— Tourne à gauche, commanda le téléphone vivant. Tu vois cette maison de fumée ? Tu vas y entrer.

Peggy Sue aurait voulu crier « Non ! Il n’en est pas question ! Je sais que c’est un piège ! » toutefois son corps ne lui obéissait plus. Elle était forcée de faire ce qu’on lui ordonnait.

Elle prit soudain conscience qu’elle n’était plus seule. Plantés au bord des trottoirs, des gens l’observaient en souriant. Des gens gris. Parmi eux se tenait un adolescent dont les cheveux bouclés brillaient tel de l’argent massif. Il adressa un clin d’œil à Peggy. Bien qu’il semblât animé des meilleures intentions, la jeune fille lui trouva un air louche. Elle n’aurait su dire pourquoi, mais il lui faisait peur. Il tenait un chat dans ses bras… Un chat de flammes qu’il caressait sans se brûler.

« Ou je suis en train de rêver ou ces gens possèdent des pouvoirs étranges », se dit-elle.

Le garçon fit un geste pour l’encourager à pénétrer dans la maison fantôme. Il chuchota quelque chose, et Peggy put lire sur ses lèvres les mots :

« N’aie pas peur. »

Le portable gigotait dans sa main, s’impatientant. Il parlait à présent d’une voix de lutin furibond.

— Qu’attends-tu pour entrer ? criait-il.

Même si Peggy Sue avait essayé de tourner les talons, elle n’y serait point parvenue. Ses jambes marchaient toutes seules, sans lui demander son avis.

Elle franchit le seuil de la demeure.

Dans le salon, elle trouva des fauteuils et un canapé modelés dans une fumée d’un gris sombre. Lorsqu’elle voulut les toucher, ses doigts passèrent au travers. Tous les objets carbonisés par l’incendie se trouvaient là, sous une forme fantomatique composée de suie flottant dans l’air. Les livres, les bouteilles du bar, la cheminée… et même le chien couché devant l’âtre.

C’était très impressionnant. Le feu avait tout dévoré, ne laissant aucune ruine, rien que ce souvenir du passé modelé dans la fumée du brasier.

« Qu’est-ce que je fiche ici ? se demanda Peggy. Je suis folle de prendre autant de risques. Si je m’endors, je deviendrai comme les gens gris. »

La voix de la raison lui criait de s’enfuir à toutes jambes, mais celle du téléphone lui ordonnait de rester.

« Bon sang ! se dit-elle, je comprends tout. Voilà à quoi servent les téléphones portables : ils hypnotisent les gens pour les pousser à entrer dans les maisons maudites ! »

Elle ébaucha un mouvement pour quitter la pièce, hélas, ses talons semblaient collés au sol. Elle se fit l’effet d’une statue prisonnière de son socle.

En face d’elle, le mur se mit à bouillir. De grosses bulles de fumée se déformaient, comme si la suie essayait de modeler quelque chose. Un visage se dessina, qui n’avait rien d’humain.

Était-ce celui d’un démon ou d’un extraterrestre ? Peggy n’aurait su en décider.

La créature se détacha de la cloison. C’était un personnage extravagant, au crâne ovoïde nanti de trois yeux et d’une bouche minuscule en forme de trou de serrure. Il avait une petite main à la place du nombril et s’en servait pour se gratter le ventre.

Il se planta au milieu du salon et fixa Peggy Sue dans les yeux.

« Il n’existe pas vraiment, s’empressa de penser celle-ci, ce n’est qu’une forme modelée par la fumée. Une espèce d’hologramme. »

L’extraterrestre avait beau présenter un aspect cocasse, il n’en demeurait pas moins inquiétant car ses yeux étaient ceux d’un reptile.

A cette seconde, le téléphone sonna dans la paume de Peggy. Elle le porta à son oreille.

— Pourquoi veux-tu nous mettre des bâtons dans les roues ? dit une voix qu’elle ne connaissait pas encore.

« C’est la créature qui me parle ! comprit-elle. Elle communique avec moi par l’entremise du portable ! »

— Qui êtes-vous ? lança-t-elle en essayant de paraître sûre d’elle.

— Ça n’a pas d’importance, répondit la chose. Je sais que tu es intelligente et courageuse, mais cette fois tu t’attaques à beaucoup plus fort que toi. Si tu t’obstines, tu brûleras vive. Quand c’est nécessaire, nous savons accélérer le feu du dragon. Nous pouvons lui commander de dévorer une maison de six étages en quatre secondes… ou une adolescente de 14 ans le temps d’un claquement de doigts. C’est ce que tu veux ? Tu ferais mieux de rejoindre les rangs de ceux qui nous servent.

— Vous voulez parler des gens gris ?

— Oui. Ils ne regrettent pas d’être devenus nos serviteurs. Nous leur avons accordé plus de super-pouvoirs qu’ils n’auraient osé en rêver. Tu peux devenir comme eux, si tu le désires, il te suffit de t’allonger sur le sol et de dormir une nuit, une seule, dans cette maison.

— Non ! protesta Peggy Sue. Pas question !

— Ne refuse pas sans savoir, fit le téléphone en se tortillant. Tu pourrais devenir indestructible… Ne plus jamais craindre la morsure des flammes. Tu devrais faire un essai. Je crois que tu serais conquise.

La créature leva la main. Dans sa paume reposait un comprimé brunâtre.

— Avale-le, ordonna-t-elle. Il te donnera pendant soixante minutes le pouvoir de te déplacer impunément au cœur du feu. Quelqu’un t’attend à l’extérieur, il te servira de guide et te fera connaître les grands avantages qu’il y a à devenir l’ami des flammes. Quand tu reviendras ici, tu n’auras qu’à t’étendre par terre et à fermer les yeux. Le sommeil viendra tout seul, alors nous ferons de toi une fille grise.

— Non… bredouilla Peggy, mais, au même moment, ses doigts saisirent la pastille brune et la portèrent à sa bouche.

« Non ! Non ! » hurla-t-elle mentalement tandis que sa gorge avalait l’horrible pilule.

Le comprimé avait le goût affreux du foie de veau cru (ou de la cervelle de chimpanzé tartinée sur du pain rassis). Le chien bleu aurait sûrement aimé ça, mais Peggy Sue trouva la chose abominable.

— C’est bien, dit l’extraterrestre, à présent sors. Quelqu’un t’attend pour te faire connaître l’ivresse des compagnons du feu.

Le téléphone se tut. Peggy le laissa tomber et quitta la pièce. Ses pieds bougèrent sans se soucier de ce qu’elle pensait. Elle se retrouva dehors, sur le seuil de la maison de fumée. Le garçon aux cheveux bouclés l’attendait, son chat de flammes dans les bras.

— Salut, dit-il, je m’appelle Nicki. Je suis ton guide pour l’heure qui vient.

Soulevant le matou de feu, il le présenta à Peggy.

— Tu peux le caresser, fit-il. Il s’appelle Escarbille. Le comprimé que tu as avalé te protège. Pendant une heure tu seras comme moi.

Peggy Sue hésita. Le chat de flammes était d’une grande beauté, mais elle avait peur de se brûler en le touchant.

— Caresse-le ! répéta Nicki d’un ton plus sec.

L’adolescente tendit la main. Sa paume frôla le dos du petit félin. Au contact du feu, elle éprouva une curieuse sensation de bien-être. Elle n’avait pas mal. Pas du tout.

— Tu commences à comprendre, hein ? ricana Nicki.

Peggy examina le garçon. Il était beau, mais sa peau couleur de cendre et ses cheveux métalliques lui donnaient un aspect diabolique assez déplaisant.

— Viens, ordonna-t-il. Nous n’avons qu’une heure. Passé ce délai, le comprimé ne te protégera plus, et tu t’enflammeras comme une allumette, ce serait regrettable.

Peggy Sue avait de plus en plus l’impression de vivre un cauchemar. A présent, le chat avait sauté à terre et se frottait à ses jambes en ronronnant. « On dirait que je suis en train de marcher au milieu d’un feu de camp ! » pensa-t-elle. D’une voix tremblante, elle dit :

— Cette bête n’existe pas…

— Si, répliqua Nicki, puisque c’est moi qui l’ai fabriquée.

— Tu l’as… fabriquée ?

— Oui, j’ai cueilli quelques flammes, je les ai roulées en boule pour les modeler, comme de la glaise. Je leur ai donné la forme d’un chat… Et voilà.

— Tu peux faire ça ?

— Tu le pourras aussi quand tu auras dormi dans la maison de fumée. La créature qui vit là profitera de ton sommeil pour t’asperger avec un élixir magique. À ton réveil, ta peau sera devenue grise, tes cheveux argentés, tes habits couleur de cendre, et tu ne craindras plus les incendies.

L’étrange garçon saisit Peggy Sue par la main et l’entraîna au cœur de la ville, là où le feu faisait rage. Des dizaines de maisons brûlaient en ronflant. Des essaims d’étincelles vibraient dans l’air, telles des guêpes d’or.

— La créature que j’ai vue dans la maison fantôme, dit l’adolescente, d’où vient-elle ?

— Je ne sais pas, fit Nicki avec un haussement d’épaules. Elle n’est pas réelle, c’est un spectre. Elle est morte il y a très longtemps. Elle est là pour nous donner des ordres. Elle commande aux reptilons, aux baleines, aux téléphones, au dragon. Il ne faut pas chercher à comprendre.

Pendant qu’il parlait, Peggy Sue remarqua que des dizaines d’hommes gris travaillaient au milieu des incendies. Elle ne comprit pas ce qu’ils faisaient là. Leur agitation semblait n’avoir aucun sens.

« Ils transportent des objets, songea-t-elle. Des trucs qu’ils jettent dans les flammes. Bizarre. »

Certains avaient une hotte sur le dos et se déplaçaient courbés sous le poids de la charge. On eût dit des vendangeurs. Ils marchaient au milieu du feu sans paraître aucunement incommodés.

— Pourquoi leurs vêtements ne brûlent-ils pas ? s’enquit-elle.

— Parce qu’ils sont imprégnés du liquide magique dont je t’ai parlé tout à l’heure, répondit Nicki. Ne crains rien, tout a été prévu, tu ne te retrouveras pas toute nue quand tu visiteras les incendies. La pastille que tu as avalée protège également tes habits. Assez parlé maintenant, viens danser dans les flammes.

Et, saisissant la jeune fille par la taille, il la poussa à l’intérieur d’un immeuble incendié.

Peggy Sue hurla de terreur, persuadée qu’elle allait être brûlée vive, et se débattit. Au bout d’une dizaine de secondes, toutefois, elle prit conscience qu’elle ne souffrait pas du tout. Les flammes s’introduisaient dans les manches de son pyjama. Elles léchaient sa peau, diffusant dans son corps une douce énergie. Elle se sentit bientôt incroyablement légère, gonflée d’une puissance qu’elle n’avait jamais éprouvée.

— Danse ! criait Nicki. Danse !

Les deux adolescents se mirent à virevolter dans le feu. Chaque tourbillon les rendait plus forts.

— Agite les bras, comme un oiseau ! lança le garçon, tu vas t’envoler… Le brasier te portera ! Vas-y ! Vas-y !

La jeune fille fit ce qu’on lui disait. Elle eut la surprise de sentir ses pieds quitter le sol. Plus elle battait des bras, plus elle s’élevait, soutenue par les flammes. C’était comme de nager dans un océan d’or tiède. Une joie fantastique s’empara d’elle, à tel point qu’elle crut son cœur près d’exploser.

C’était si fabuleux qu’elle aurait pu faire ça pendant des heures et des heures, des années peut-être !

« Mais je ne dispose que de soixante minutes, se rappela-t-elle. Qu’est-ce que je raconte ? Le compte à rebours a commencé dès que je suis sortie de la maison fantôme. Combien me reste-t-il ? Quarante-cinq minutes ? Encore moins ? »

Toute à l’excitation du feu, elle avait perdu la notion du temps. La peur la dégrisa, et elle cessa d’agiter les bras pour redescendre au niveau du sol.

— Nicki, cria-t-elle. Où en est le compte à rebours ?

Le garçon ricana méchamment sans daigner lui répondre. Il semblait avoir décidé de s’amuser à ses dépens.

— Dis-moi ! gémit-elle.

Sourd à sa supplique, Nicki virevoltait au-dessus d’elle, brassant le feu pour grimper au sommet de l’incendie.

Peggy Sue chercha à s’orienter. Les flammes lui faisaient l’effet d’une forêt jaune dans laquelle elle se serait perdue. Elle s’y trouvait bien. Un incroyable bonheur coulait dans ses veines. Le feu allait la rendre immortelle. Elle ne vieillirait jamais, ne serait jamais malade…

— Alors ? lança Nicki en se rapprochant d’elle. Tu commences à entrevoir les avantages qu’il y a à devenir un serviteur de la créature ?

— Je voudrais sortir ! s’entêta l’adolescente. J’ai peur de m’enflammer.

— Mais non, fit le garçon. Tu as encore le temps. Viens, nous allons fabriquer un cheval de feu et nous galoperons sur son dos à travers la ville.

— Je veux rentrer chez moi… insista Peggy.

Nicki ne l’écouta pas. Arrachant de grandes brassées de flammes au ventre de l’incendie, il se mit à modeler un pur-sang à la crinière embrasée. Le cheval jaune piaffait en crachant des étincelles.

— Monte derrière moi ! cria Nicki en sautant sur le dos de sa monture. Tu vas voir, ce sera amusant. Nous traverserons la cité en effrayant tout le monde. Et le cheval mettra le feu aux maisons encore intactes.

— C’est criminel ! protesta Peggy Sue. Ça t’amuse d’incendier la ville ?

— Bien sûr ! s’étonna le jeune homme. Nous sommes les maîtres du brasier. C’est ce que la créature attend de nous. Notre mission consiste à brûler le plus grand nombre de maisons.

— Tu es mauvais ! siffla l’adolescente en s’écartant du cheval démoniaque, laisse-moi, je ne veux rien avoir à faire avec toi.

Elle se mit à courir mais Nicki, grimpé sur son pur-sang de feu, n’eut aucune difficulté à la rattraper. Il fit se cabrer sa monture pour barrer le chemin à la fuyarde.

— Si tu n’es pas avec nous tu es contre nous, décréta-t-il. Et je ne te laisserai pas sortir de l’incendie. De cette façon, d’ici douze minutes, tu brûleras comme une sorcière ficelée sur un bûcher. Réfléchis bien… l’effet du comprimé magique va se dissiper dans moins d’un quart d’heure.

Peggy essaya de courir en zigzag pour échapper à son tourmenteur, hélas, le cheval la poursuivait sans relâche, ne lui laissant aucune chance de sortir de l’incendie. Chaque fois qu’elle était sur le point de bondir hors de la maison, la bête lui coupait la route et la rejetait dans les flammes, d’un coup de tête.

— Plus que cinq minutes ! annonça cruellement Nicki. Prépare-toi à rôtir comme une dinde mise au four.

— Non ! non ! supplia Peggy.

A la fin, comme elle n’entrevoyait aucun moyen de s’enfuir, elle soupira :

— D’accord, j’accepte… Je serai des vôtres.

Nicki éclata d’un rire méchant.

— J’aime mieux ça, déclara-t-il. A présent, tu vas me suivre sagement jusqu’à la maison de fumée et t’y endormir sans pleurnicher. Compris ?

— Oui, capitula la jeune fille.

En réalité, elle espérait lui fausser compagnie dès qu’elle serait dehors. Elle dut toutefois déchanter, car, sitôt sortis de l’incendie, Nicki et son cheval de feu entreprirent de l’escorter.

— Attention ! prévint le garçon. Pas de coup fourré. Le comprimé magique ne te protège plus à présent. Si tu tentes quelque chose, mon cheval te piétinera avec ses sabots de flammes, et tu ne seras pas belle à voir.

Peggy se sentit prise au piège. Que pouvait-elle faire contre un destrier démoniaque ?

La mort dans l’âme, elle dut se résoudre à se diriger vers la demeure fantôme. Quand elle fut devant le bâtiment de fumée, Nicki déclara :

— Tu as fait le bon choix, crois-moi. Tu ne le regretteras pas. Tu verras, on s’amusera bien tous les deux. C’est génial de galoper à travers la ville en incendiant tout sur son passage !

Sans répondre, Peggy lui tourna le dos et entra dans la maison. À peine eut-elle franchi le seuil du salon qu’elle fut reprise par les émanations hypnotiques du téléphone portable. Tous ses projets de fuite se diluèrent comme une goutte d’encre dans l’océan. Elle se laissa tomber sur le sol, sans volonté.

« Je ne veux pas dormir ! se répétait-elle. Je ne veux pas devenir comme Nicki ! Non ! »

Par la fenêtre, elle vit le garçon s’éloigner en direction des incendies. Il allait reprendre sa course folle à travers la cité, s’amusant à porter la destruction au long des rues.

Peggy Sue se coucha devant la cheminée. Ses forces l’avaient quittée, laissant place à une immense fatigue. Ses paupières commençaient à se fermer…

« Je suis fichue, songea-t-elle avec lassitude. Demain, quand je me réveillerai, je serai devenue une fille grise. »

 

Elle s’assoupissait quand une douleur atroce lui traversa la fesse gauche. Quelqu’un était en train de la mordre !

Elle poussa un cri et bondit. C’était le chien bleu.

— Tu es enfin réveillée ? lui lança-t-il. Alors ramène-toi et fichons le camp d’ici. Ça m’ennuierait de te boulotter l’autre fesse. Elles ont si bon goût que je crains de ne pas pouvoir m’arrêter.

 

Le zoo ensorcelé
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